Passionné des Jeux de Dames, Dr Abdou Lahat Gueye a mal de voir la discipline tomber un état comateux. La faute, d’après lui, à un président de Fédération, Adama Gueye, qui se sert plus qu’il ne sert. Le forfait du Sénégal au Mondial puis à la prochaine Coupe d’Afrique et son incapacité à organiser un championnat national sont autant de freins à l’envol des Jeux de Dames. Et pourtant, les idées sont là. Entretien avec un mécène dépité mais déterminé à trouver des solutions.
Pouvez-vous revenir un peu sur la plateforme « Dames innovations » dont vous êtes l’initiateur ?
Au Sénégal, c’est dans les Jeux de Dames qu’il y a eu plus de trophées (11 sur 13 ou 14 en Afrique) dans les années 90. Il y a eu les Baba Sy, champion du monde, Bassirou Kane, Abdoulaye Der, Ndiaga Samb qui ont fait un parcours extraordinaire au niveau africain voire mondial. C’est en 2010, pour la dernière fois que le Sénégal a obtenu un vrai trophée, le Grand Maître International (GMI) en l’occurrence Mor Seck. Il se trouve que depuis lors, les Jeux de Dames ne marchent plus au point où la relève n’est même pas assurée. Les grands maîtres sont devenus vieux et nous voudrions toujours continuer avec eux. Je pense que dans le sport, il est important de préparer la relève.
En un moment donné, vous avez quitté… Quelles ont été les raisons ?
Vers 2019, je me suis bien impliqué en sponsorisant beaucoup de tournois. J’étais le seul sur le plateau à le faire dans le pays parce que le grand mécène, Tamsir Barry qui avait commencé depuis les années 1988, pour certaines raisons, avait quitté. J’étais le seul sur le terrain. En 2019, j’ai appelé l’actuel président de la Fédération, Adama Gueye, pour lui demander de laisser la main car ça ne marche plus. Il m’a promis de le faire mais de le laisser finir le mandat pour recouvrer certains fonds qu’il avait avancés pour l’État. Il y a eu la Covid et les 5 millions de francs Cfa de l’État. C’est quelqu’un de bien mais c’est son entourage qui fait défaut.
Donc, c’est la gestion qui pose problème au niveau de la Fédération ?
C’est plus grave que ça ! On l’a poussé à briguer un deuxième mandat en 2021. Il a donné 30 000 francs à chacun des 82 clubs à l’époque, un total de 2,4 millions, et donné aux grand-Place. Où est le reste de l’argent ? Il n’a organisé que trois championnats nationaux en 8 ans, avec des primes dérisoires. Le gros problème est qu’il ne vient jamais au ministère des Sports, accompagné. Comme s’il n’avait pas de secrétaire général ou de trésorier. Il est toujours seul. Je l’ai entendu, sur une télévision de la place, il y a trois jours, dire qu’il est parti voir la ministre des Sports (Khady Diène Gaye) pour parler de la participation du Sénégal aux Championnats d’Afrique de Ouagadougou. Il est resté là-bas plus de 4 heures à attendre la ministre qui était en réunion avant de le mettre en rapport avec le directeur de Cabinet. Pour des raisons de bonne gouvernance, de transparence, d’inclusivité, quand on a une Fédération, on travaille avec ses membres. Médoune Dème, vice-président, n’est plus actif, les autres sont à Thiès et Ziguinchor. Ces gens n’ont jamais tenu de réunion physique. Son deuxième mandat finit en février prochain. Depuis qu’il a été élu, il n’a jamais organisé d’Assemblée générale. Ce qui est contraire au règlement. Pis, il n’y a pas de commission au sein de la Fédération. On ne l’a jamais vu. Il a dit que cette compétition est qualificative au Mondial. Je vais dire à l’opinion publique que celui qui a fait rater le Sénégal, ce n’est pas le ministère, mais le président de la Fédération, Adama Gueye. Ce qui est qualificatif pour être à Ouagadougou, c’est le championnat national. On n’en a pas eu. S’il dit qu’il y a son argent qui entre dans cette discipline, je suis inquiet en tant que fondateur de « Dames Innovations » qui a des millions dans les caisses sur la base des cotisations des damistes qui sont au niveau des Grand-place. Lui ne demande que 18 millions par année. Je ne parle pas des bailleurs comme Tamsir Barry qui a dépensé l’année dernière plus de 40 millions. Moi j’ai dépensé 23 millions l’année dernière, en tant que particulier, en finançant des tournois, achetant du matériel commandé en Côte d’Ivoire.
Selon vous, c’est donc Adama Gueye qui pose problème au niveau de la Fédération ?
Il n’y a pas de Fédération. C’est lui-même, une seule personne. Peut-être qu’il ne sert pas les Jeux de Dames, il s’en sert. L’année dernière, il s’est promené en France avec l’argent du ministère, un ancien président, un joueur de Dame retraité pour participer à un championnat du monde amateur pendant que les joueurs Modou Seck, Ibrahima Gaye, Mor Seck entre autres qui devaient être des GMI depuis 2010 sont encore là. Le Sénégal n’a plus eu de médailles. Donc, depuis 2017, Adama Gueye est à la tête de la Fédération et il ne se passe rien.
2025 marquera la fin de son mandat, quelles solutions préconisez-vous pour la relance de cette discipline ?
Je leur ai fait un plan quinquennal de développement. J’ai étudié en Hollande, le leader mondial des Jeux de Dames. Je connais comment le Jeu de dames doit se passer. Par exemple, le grand-place que je fréquente à Guédiawaye est un modèle qu’on peut répliquer sur le tout le pays. Les idées sont là et ce plan stratégique sera présenté au ministère, au CNOSS, pour que les Jeux de Dames soient correctement financés.