Souleymane Boun Daouda Diop est l’un des experts invités par l’Association nationale de la presse sportive (ANPS) pour le panel des JO de Paris 2024 de ce samedi à la Maison de la presse. Animant le thème sur le rôle de l’Etat, l’ex directeur de la haute compétition a avancé que la puissance publique a le devoir de donner la possibilité à chaque sénégalais de pratiquer le sport de son choix. Et, s’il a un potentiel, de l’accompagner pour qu’il puisse le représenter pour son image.
« L’Etat a le droit et le devoir d’investir sur sa jeunesse sportive car une jeunesse sportive performante signifie que l’Etat a de bonnes politiques de jeunesse, de sport et de santé. Maintenant, la politique sportive d’un pays n’est pas un modèle à importer, mais un construit qui se base sur nos réalités politiques, économiques, sociales et culturelles. Au Sénégal, les régimes passent mais le rôle de l’Etat n’a pas changé. Ce qui est constant, c’est que le rôle de l’Etat envers les sportifs et le mouvement sportif est de permettre aux mouvements sportifs de participer aux Jeux olympiques. La philosophie de l’olympisme, c’est l’universalité. Quand 205 Comités nationaux se retrouvent dans une même ville, il est inconcevable qu’un pays puisse être absent. Le Sénégal fait partie des 20 pays qui n’ont jamais raté les JO. De 1965 à aujourd’hui, malgré les boycotts qui ont marqué l’histoire, nos gouvernants ont toujours voulu dissocier la politique du sport », a-t-il poursuivi.
Les JO de Paris seront la 15e participation du Sénégal. Jusque-là, Amadou Dia Ba est l’unique médaillé olympique (Séoul 88). « Nous sommes présents comme le veut le fondateur des Jeux, Pierre de Coubertin. Mais les résultats font défaut. Ce qui amène au deuxième rôle de l’Etat : la préparation. Sur ce point, aucun effort n’a été fait par un gouvernement. Ce n’est pas à deux mois des JO qu’on prépare un athlète, mais il faut 8 ans au minimum. Or, ici, vous ne voyez jamais un budget spécifique pour la préparation des JO. Les Fédérations n’ont pas les moyens. Et une médaille olympique, c’est comme de la matière première. Les nouveaux dirigeants disent qu’il faudrait qu’on puisse transformer nos matières premières. C’est la même chose avec nos athlètes en ayant à disposition des infrastructures, ressources humaines et machines de qualité. Tant que nous nous n’avons pas cela, nous faisons fausse route. Le dirigeant, le technicien et l’athlète font partie de l’ensemble, ils doivent tous être préparés. Avoir une médaille en 2024 voire en 2028, c’est hypothétique. Il faut donc mettre en place une génération 2032, doter les communes de moyens pour pouvoir les entraîner pendant deux ans au niveau local, ensuite avoir une équipe départementale régionale et, au bout de quatre ans, une équipe nationale. Il nous faut une équipe nationale olympique en réunissant les médaillés africains, toutesdisciplines confondues, pour que le Comité olympique et l’Etat les prennent en charge. Avec le statut de sportif de haut niveau, cela leur permettra de participer à des compétitions internationales. Il faut donc une politique adaptée à nos moyens », a analysé Souleymane Boun Daouda Diop, qui invite à établir d’excellentes relations avec le CNOSS.