Premier sénégalais à décrocher une médaille aux Jeux africains d’Accra, Ibrahima Diaw a décidé de ne pas aller aux Tournois de qualification olympique aux JO de Paris 2024. Le pongiste évoque un différend avec son entraîneur Mohamed Gueye et accuse la Fédération sénégalaise de tennis de table d’avoir laissé la situation s’envenimer sans intervenir. Celui qui avait déjà participé aux JO de 2020 devait être tête de série numéro 2. Récit.
« C’est un jour très triste pour moi car je vous annonce que je suis victime de harcèlement moral et d’intention volontaire de nuire à ma carrière de la part d’un individu et de ma fédération.
En août, j’ai eu la mauvaise surprise que ma fédération annonce Mohamed Gueye en tant qu’entraîneur national juste après être revenu d’une semaine au Sénégal. Son seul but est de s’asseoir sur la chaise pour les Jeux Olympiques de Paris.
Mohamed Gueye est garagiste et a été un ancien joueur amateur de l’équipe nationale dans le début des années 2000. Il a disparu et n’a plus eu de lien avec la fédération jusqu’à mon arrivée en 2019, où il s’est autoproclamé coach du Sénégal. Après trois compétitions où il ne m’a absolument pas donné de conseils, étant seulement là pour les caméras et profitant de ma carrière. Ayant constaté de grosses lacunes dans sa connaissance du tennis de table (il n’a aucun diplôme d’entraîneur et n’est pas licencié en France ou au Sénégal), je lui ai gentiment fait comprendre que j’avais besoin d’avoir un entraîneur qui puisse m’aider à battre les meilleurs joueurs africains comme Aruna Quadri et Omar Assar. Après plusieurs mois d’intenses discussions avec Mohamed, j’ai finalement réussi à engager pour moi le meilleur entraîneur de France et maintenant du monde, Nathael Molin, qui est désormais l’entraîneur des frères Lebrun.
Quatre ans plus tard, Mohamed ressurgit avec un plan pour soudoyer ma fédération en le mentionnant comme entraîneur national ! Je voudrais mentionner que depuis 2017 aucun autre membre de la fédération sénégalaise n’a participé à une compétition ITTF ou WTT à part moi. Et tout cela à mes frais (50 000 euros en 3 ans). J’ai également dû payer mes championnats africains de ma poche.
Après plusieurs discussions avec ma fédération, j’ai proposé que Mohamed puisse venir pendant les grandes compétitions et les Jeux olympiques en tant que manager et s’occuper de l’organisation (réservation des billets d’avion, programme, tirage au sort, financement, etc.). Malheureusement, leur réponse a été de rester à ma simple place de joueur.
Alors que pour ma fédération, j’ai remporté 4 médailles africaines, obtenu une qualification aux JO et été dans le top 100 mondial depuis 2019. Je pense avoir été un bon exemple pour le Sénégal que j’ai porté fièrement pendant 5 ans.
Le pire est venu lors des Jeux africains au Ghana. Lors de mes premiers matchs, Mohamed me fixait les bras croisés avec un regard menaçant, ne me soutenait même pas, ne se levait même pas pour me donner la bouteille et n’essayait même pas de m’aider. Je lui ai donc demandé de faire un effort ou de me laisser jouer seul car cela nuisait à ma performance. Mais il m’a répondu: « Je n’ai pas besoin de faire des efforts. Je me fiche de toi et de ta performance, je veux juste m’asseoir sur la chaise et aller aux Jeux olympiques. »
Après encore plusieurs tentatives pour régler le problème avec ma fédération, elle a répondu qu’elle félicitait l’équipe pour les résultats obtenus lors des Jeux africains, alors que j’avais réussi à décrocher une autre médaille grâce à ma seule force mentale et ma persévérance alors que je vivais la pire expérience de ma carrière.
J’ai de nouveau demandé à ma fédération si je pouvais jouer seul ou avoir un autre entraîneur sénégalais pour m’accompagner aux tournois qualificatifs. En vain, ils m’ont répondu que Mohamed devait absolument s’asseoir sur ma chaise. Ils m’ont même dit : « Nous savons très bien que Mohamed ne peut rien t’apporter, mais il doit s’asseoir sur la chaise. »
Pour moi, participer aux Jeux olympiques est un honneur et se mérite par la persévérance de milliers d’athlètes ! Mon objectif n’est pas seulement d’y participer mais d’essayer de performer au mieux de mes capacités ! Ce rêve m’a été retiré par le manque de soutien de ma fédération, la malveillance de Mohamed qui prétend exécuter la mission divine de développer le tennis de table sénégalais, même s’il doit sacrifier du temps avec sa famille. Depuis sa prise de fonction, il n’a absolument rien fait pour le développement du Sénégal et n’a coaché que 3 jours ! Après ces 3 jours, moi et le deuxième joueur sénégalais avons demandé à quitter l’équipe nationale tellement son intégrité et sa compétence sont catastrophiques !
J’aimerai bien entendu participer au TQO qui aura lieu dans 1 semaine mais pas dans ces conditions immorales et en étant entouré de personnes qui me veulent du mal. »
La situation est une honte pour un sport professionnel. Un sport que j’aime et auquel j’ai consacré toute ma vie. Je suis triste d’annoncer que quelqu’un d’autre a décidé d’y mettre fin…
